Evolution et influence de l’urbanisation 

Au fil du temps, les besoins en termes d’aménagement de l’espace habité ont évolué. Dans les habitations anciennes, les couloirs étaient souvent inexistants ou très étroits, car l’accent était mis sur l’utilisation efficace de l’espace pour les activités essentielles telles que la cuisine et le sommeil, quand il n’y avait pas une activité professionnelle artisanale au milieu qui faisait vivre toute la famille.

Avec le développement de la vie domestique et les attentes en matière de confort, les couloirs sont devenus plus courants pour faciliter la circulation et/ou la séparation des espaces dans l’habitation.

Vers 1930 et après-guerre, les architectes tentent d’imposer le « plan libre » sensé faciliter la fluidité à l’intérieur de la maison et créer une perméabilité entre l’intérieur et l’extérieur. Dans cette proposition ils y voient la nécessité de penser l’espace « de façon organique ». Rapidement l’organicité pensée par les architectes va être supplantée par l’organicité vécue depuis l’intérieur. Les habitants, de façon individuelle et autonome, recréent spontanément des couloirs alors que les plans initiaux n’en prévoyaient pas !

L’urbanisation croissante entraînant une densification de l’habitat, la nécessité d’optimiser l’utilisation de l’espace disponible, les couloirs sont finalement devenus des espaces à part entière. Dans cette nouvelle organisation, ils permettent une distribution plus rationnelle des différentes pièces dans les appartements et les maisons.

En somme, les couloirs prennent la forme d’espaces polyvalents, pouvant servir de zones de rangement intégrant des placards, de connexion entre les différentes parties de la maison et même désormais d’espaces de loisirs ou de travail.

Mais ne nous trompons pas, en arrière scène, ces espaces servent à irriguer l’ensemble de l’appartement.

Anatomie des couloirs

Si l’on regarde de plus près l’anatomie de ces espaces, une analogie peut être faite avec les vaisseaux sanguins ou le système circulatoire. Les couloirs servent de voies de circulation à travers un espace plus vaste – la maison ou l’appartement pour les couloirs, les organes pour les vaisseaux sanguins-. Ils permettent de relier et de faciliter la circulation, que ce soit pour le flux sanguin dans le corps ou pour la circulation des personnes à travers une résidence. De plus, les couloirs, tout comme les vaisseaux, sont essentiels au bon fonctionnement de l’ensemble en assurant une distribution efficace et régulière là où c’est nécessaire. Cela met en évidence le rôle essentiel des couloirs lorsqu’il y en a, dans la structure et la fonctionnalité d’un espace habitable.

Veiller à la circulation fluide dans ces espaces permet que les flux ne soient pas entravés. Au-delà des échanges, ils favorisent et facilitent la communication entre les occupants.

C’est aussi important de comprendre les liens étroits qui existent entre la circulation psychique et la circulation physique : si ces espaces sont encombrés, mal éclairés, parfois inutilisés à leur juste valeur, trop long, sans rythme, c’est l’ensemble qui en pâtit, y compris les échanges entre les habitants.

Il m’est arrivé d’intervenir auprès de clients dont les relations avec leurs enfants étaient « éteintes ». Or le palier généreux en proportion distribuant l’ensemble des chambres servait de stockage au lieu d’être un espace de rencontre. Lors de son aménagement, nous avons installé une banquette, mis en valeur une bibliothèque existante, reléguer le linge sale dans une panière fermée dans la salle de bain – tordant le cou définitivement à l’idée que sur le palier on lavait son linge sale en famille ! -, ranger la table à repasser qui trônait au centre, et créer ainsi un vrai espace de rencontre avec photos, tableaux et couleurs dynamisantes. L’espace incitait les membres de la tribu à s’installer et à échanger dans ce lieu propice aux « palabres » voire même à la lecture.

Il est important que les couloirs et les paliers soient à la maison des unités dynamiques permettant de passer d’une pièce à l’autre sans encombre.  Un couloir encombré est comme une artère bouchée.  Imaginez un caillot de sang qui obstrue une artère. Dans un premier temps il permet d’éviter l’hémorragie. Mais lorsqu’il est suffisamment gros, il empêche le passage du sang, et ne permet plus d’irriguer une zone ciblée du corps. Un déséquilibre s’invite dans le système pouvant entrainer potentiellement des perturbations voire des complications.

Trouver le bon équilibre

Une circulation sanguine trop fluide pourrait être à l’origine d’une hémorragie, le sang n’ayant pas la possibilité de coaguler pour créer une cicatrisation. Il en va de même pour les dégagements de la maison. D’où l’intérêt de trouver le bon rythme, les bonnes couleurs, les éléments décoratifs permettant de créer une déambulation fluide et agréable. Un couloir vide, blanc, dénué n’offrira pas de point d’accroche visuel. Nous aurons tendance à vite nous refugier dans la pièce dans laquelle nous sommes amenés à aller.   

Ne cherchez pas à mettre plus de meuble que l’espace ne peut en contenir, cela empêcherait la fluidité de mouvement. Jouez sur la couleur, avec des soubassements, des cimaises, intégrez le sol et le plafond selon l’effet voulu. Animez vos murs sans trop d’excès pour avoir le goût de le traverser. Vous pouvez y ajouter des photos personnelles, joyeuses, artistiques. Travaillez la lumière de façon à en faire un espace à part entière. L’importance est de jouer sur l’équilibre des 6 directions de l’espace (haut / bas, avant / arrière, gauche/droite), et trouver le rythme que l’on souhaite offrir pour un équilibre parfait de l’espace habité.

Et vous comment vont vos couloirs et vos paliers ?

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